POLYNIES
PUBLICATIONS SEPTEMBRE 2018-MARS 2019
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sur la page
Une
première année polynienne s’est écoulée. Aucune bougie, surtout pas
d’anniversaire festif. Les mots subissent eux aussi des catastrophes
marchandes, la vacuité, l’oubli, le formatage insensible, qui travaillent à
faire disparaître toute subjectivité et singularité afin de contrôler le corps
de l’écrit. Où va ainsi l’imaginaire, où vit l’insaisissable ? Ils se terrent
dans des réserves souterraines de bizarreries stylistiques, de pensées ténébreuses,
d’histoires de traverse. Ils réaniment l’idée d’être homme au milieu des
hommes, la dureté et la joie, comme s’il fallait chaque jour en réchauffer le
souvenir, comme si notre survie en dépendait. Penser (toujours à soi), tourner
la page, traverser en courant : il n’en est pas question. Mais plutôt,
éprouver le lien à l’autre en tous ses extrêmes. Milly Jasmina Vodović, elle qui
fait rendre gorge à l’inacceptable, la mort de son frère, dans toutes les
dimensions existentielles réinventées (Nastasia Rugani). Laurent le Flamboyant,
le fou de langage hors de la cage-case, et ses rendez-vous rêvés avec les
petits enfants de Paris (Karen Hottois). Hamaika, ce vaste coeur emplumé,
grande humaniste aspirant à un monde sans frontières ni préjugés (Pierre Zapolarrua).
Simon et sa Simone, leurs histoires dans une théière des mondes, en un récit
d’amour éternel (Agnès Debacker). Deux ours perchés, bourrés d’aspirations en
horizons, à l’épreuve de leur engagement courageux (Émile Cucherousset). Ces
auteurs, précédés, suivis par d’autres, résistent : ils regardent chacun à
leur manière autour d’eux. Hors du rang, les ombres de leurs mots, la noblesse
de leur attention écrivent une seule et même phrase, l’appel du désordre, la
mémoire secrète des temps humains.