lundi 17 septembre 2018

AUTOUR DE MILLY VODOVIĆ
Rencontre avec Nastasia Rugani


Imaginaire au bout des doigts. Pendant l’écriture de Milly Vodović
(Dessin de Nastasia Rugani)


QUATRIÈME PARTIE : SON ORGANE DE TRAVAIL
La fabrique de Milly Vodović


Dans la délicatesse de la lumière, il s’équilibre un peu. La tendresse le frôle alors qu’il s’aventure avec précaution. Les paumes sur le bois clair, il cherche la spécificité de ce bureau d’écolier dépourvu de tiroirs. Pourquoi a-t-elle choisi cette planche pour écrire ? Pourquoi l’a-t-elle placée face au mur ? Près de son pouce, il décolle un post-it d’un rose crâneur : « Il y a un peu de moi dans chacun d’eux. » De moi ? D’eux ? De qui ? Sous le premier, il en trouve un second : « J’étais brouillon, me voilà faussaire. » Qui ? Toi ? Moi ?


Première étape
Carnets, notes, mots griffonnés

                             




Deuxième étape
Écouter les liens


— On a qu’à aller à Miami ! lance Milly avec entrain. Douglas envisage la proposition avec méfiance.
— Ben quoi ? Ce sera le début de notre futur métier, assure-t-elle. On ne peut pas être triste les pieds dans le sable, si ?
« C’est lui », dit-elle, le visage blême. Un de ces jeunes soldats serbes, la cigarette pendante, collée à un coin de la bouche humide, le fusil en avant et la main qui cherche sous la jupe. Elle s’abstient de dire, mais elle dévisage, cela suffit.





— Tu préfères un chat ? propose de nouveau Deda, en s’asseyant à ses côtés.
Au bout d’un long moment à cajoler le pelage éteint, Milly s’essuie rageusement les yeux du revers de la main et finit par dire :
— Les chats dorment tout le temps.
— Comme Tarek.
— Ben lui non plus je n’en veux pas ! s’emporte-t-elle, les joues brûlantes.





Troisième étape
Naissance d’un squelette : fiches sur les chapitres

— J’ai un nom, espèce de sale gosse ! Daisy Woodwick, ça te dit quelque chose ? Est-ce que, moi, j’ai l’incorrection de te présenter aux jeunes filles comme mon ado débile et boutonneux ?
Le ton est si impérieux que Milly imagine Daisy à cru sur un mustang lancé au galop, à travers des forêts de séquoias géants. Mais le mirage cesse dès lors qu’elle retire son chapeau d’aventurière et découvre un crâne fiévreux et jaunâtre. Swan Cooper lui tend un foulard et une assiette fumante. Elle décline le carré de tissu





De nouveau installée à son bureau, elle se masse les côtes afin d’atténuer la flamme. En vain, elle repousse l’ordinateur et prend un de ses carnets à spirales dans lequel elle dessine. L’envie se perd dans les traits ratés de Riley, l’opossum de son enfance, sur son nid feuillu. D’un coup, elle se relève, le dos collé à la chaise, les pieds sur le bord du siège. Elle saisit une feuille et commence :


Suite de l'entretien : Yeux ouverts, yeux fermés