Le
temps de l’imaginaire naissant, le temps de se tromper, le temps de chercher
sur la page, le temps de l’histoire et du regard porté, le temps partagé entre une
poule et un poisson. Rencontre autour de l'imaginaire et de la recherche, du cadre vivant et du roman de Pierre Zapolarrua, Hamaika et le poisson (Petite Polynie)
PREMIERS TEMPS, IMAGINAIRE
VIVANT
J'ai suivi mes
premiers cours de dessin à l'Académie des Beaux-arts de Charleroi, j'avais
environ quinze ans. C'était bien, on dessinait des modèles vivants. C'était pour
moi la première fois que je dessinais de vraies personnes. Avant ça, c'était
des dessins plutôt imaginaires. Je découvrais le dessin d'observation.
Après avoir
obtenu mon diplôme d'humanités générales, en langue moderne, je suis allée étudier dans l’école supérieur artistique
bruxelloise, l'Erg.
L'Erg est une
école de recherche graphique. J'ai surtout travaillé l'illustration, la
narration et le livre même.
J'ai réalisé un
mémoire sur le livre d'artiste.
J'aime bien
osciller entre théorie et pratique. Grâce à cela, j'ai rencontré des personnes
qui réfléchissaient eux aussi sur le thème du livre d'artiste, mais aussi, à
l'édition jeunesse.
Cela m'a permis de voir beaucoup de choses, de
découvrir des auteurs, de lire et de me questionner sur l'illustration et sur
mon travail.
A la sortie de
l'école supérieure, j'ai travaillé durant quatre années dans une librairie, où
je m'occupais d'un rayon de livre jeunesse.
Je lisais
énormément, et j'avais la chance de pouvoir regarder tous les livres que je
désirais.
Depuis deux ans,
je suis enseignante d'arts plastiques et d'histoire de l'art dans une école
secondaire de Bruxelles.
Je jongle entre
mon travail d'illustratrice et celui d'enseignante, qui se nourrissent
mutuellement.
PRENDRE LE TEMPS
RECOMMENCÉ
Mon désir est de
continuer à chercher et à réfléchir à l'illustration, à l'histoire de l'art, au
dessin et à la couleur. À travers la lecture, la pratique, les découvertes et
les voyages.
J'aime prendre
le temps, tester, me tromper, recommencer.
Je souhaite continuer
à travailler avec des auteurs et des professionnels du livre, c'est très
nourrissant et motivant.
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©Anastasia Parrotto |
TROUVER LE TEMPS
DE LA RECHERCHE
Je fais des
recherches sur des photos, des livres, des images qui pourraient nourrir mon
travail.
Je réfléchis aux
couleurs. Je fais des tests, des mélanges, des associations.
À côté de cela,
il y a le travail des personnages, s’il y en a.
Ensuite vient
l'organisation du livre, le chemin de fer, qui est pour moi une partie
difficile mais nécessaire.
J'ai besoin de
temps pour travailler. Je recommence souvent.
Je n'ai pas
vraiment de méthode efficace, je me trompe beaucoup... mais avoir le temps de
chercher est important.
Je travaille
avec la table lumineuse. Cela me permet
d'associer et de composer des éléments entre eux.
Ces derniers
temps, j'aime travailler à l'aquarelle. De manière assez pure, avec très peu
d'eau et puis avec beaucoup d'eau pour faire des contrastes.
Ensuite, j'aime
donner vie à des personnages, lorsque j'y arrive. J'aime les voir changer sur
la feuille.
J'ai découvert
la notion de cadrage lorsque je faisais mes études d'illustration.
C'est là que
j'ai commencé à réfléchir à la narration et à la mise en page. Comment jouer
avec les dessins. Comment les mettre en évidence, et des fois comment cacher
des imperfections...
Cela m'a permis
d'imaginer des techniques pour raconter des histoires sans dessiner à la
perfection.
En découvrant le
cadrage, j'ai découvert la manipulation des images. D'où mon intérêt pour les
livres d'artistes. Cela a changé beaucoup de choses pour mon travail.
En lisant des
albums jeunesse, j'ai appris que le dessin était aussi important que le
cadrage, alors maintenant, j'essaie de faire les deux.
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©Anastasia Parrotto |
HAMAIKA ET LE
POISSON, VIVRE ENSEMBLE SUR LA FEUILLE
À la lecture du
texte, Hamaika et Jonas m'ont attendrie rapidement.
Un poisson et
une poule, la terre et la mer, une sorte de distraction et de sérénité, la
rapidité et le calme caractérisant les deux personnages. Ils sont très
différents, mais graphiquement très parlants.
J'ai beaucoup
aimé ça. Une différence nettement palpable mais qui ne va pas les empêcher de
vivre ensemble, également sur une feuille. J'ai commencé à réfléchir à comment
je les dessinerai.
J'ai relu le
texte plusieurs fois.
J'ai aimé les
environs dans lesquels ils vivaient, j'ai imaginé les couleurs, les contrastes.
Là, où j'étais
il y avait un poulailler, je suis allée voir les poules, et j'ai commencé à les
dessiner et le projet a pris forme.
Je voulais un
univers coloré et de la tendresse entre les personnages.
Il fallait
trouver un moyen de les faire tenir tous les deux sur une feuille de papier,
malgré leurs différences.
Enfin, mon
intention était d'essayer de rejoindre le texte de l'auteur en démontrant
l'intérêt des différences et de la rencontre de celui qui à première vue, ne
nous ressemble pas.
Un beau défi.
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©Anastasia Parrotto |