TOUS
LES GARÇONS ET LES FILLES EN SON ÂGE
©Catherine Chardonnay |
Il
paraît que Roald Dahl a dit que savoir captiver les jeunes lecteurs exige
d’« avoir préservé deux caractéristiques fondamentales de ses huit
ans : la curiosité et l’imagination ». Pour avoir le bonheur de côtoyer
quotidiennement un mouflet de cet âge-là, je peux confirmer que ces deux
propriétés en font tout le charme. Expériences de physique dans le bain,
raisonnements absurdes suivis aussi loin que possible, jeux si prenants qu’ils
en deviennent parfaitement sérieux, composition de blagues, examen des
hypothèses les plus délirantes, fous-rire, bavardages imaginaires avec les
peluches qui ont chacune leur nom à coucher dehors et leur personnalité, longs
moments de contemplation rêveuse en cultivant des plantes carnivores, histoires
sans fin déclamées jusqu’à s’effondrer de sommeil… Je dois bien admettre que
toute cette énergie n’est pas toujours de tout repos et que je mesure souvent à
quel point mes huit ans sont loin. Certains auteurs parviennent toutefois
merveilleusement à réveiller l’esprit de l’enfance chez leurs lecteurs de tous
âges et à bouleverser leur imaginaire. Leurs mots illuminent nos lectures du
soir, nous permettant, le temps d’un livre, d’avoir le même âge, de rire sous
cape et de vagabonder dans des territoires où tout est possible.
C’est
précisément ce plaisir partagé qui a fait tout le charme de la lecture à voix
haute de ce Petit Garçon, de Francesco Pittau, qui paraît aujourd’hui dans
la magnifique collection Petite Polynie des éditions MeMo. Ce garçonnet nous a
entraînés, Hugo et moi, dans un univers malicieux où les idées fusent, la magie
se déploie et les choses s’animent. Là bas, chaque jour apporte son lot
d’émotions, de surprises et d’expériences fantaisistes qui se dégustent avec bonheur
et de nombreux éclats de rire ! Comme ce jour où le garçon a dû traquer
son vrai reflet, parti en vadrouille, où lorsqu’il s’était transformé en
mouche. Ou encore la fois où il s’est fait réprimander par les motifs de son
dessin qu’il avait certes un peu bâclé ! Un monde que nous découvrons à
hauteur d’enfant. Un enfant encore petit dans ce vaste monde. Mais qui grandit,
mine de rien…
Nous
avons beaucoup ri des (més-)aventures du petit garçon qui ont complètement
parlé à Hugo qui a souhaité les relire seul. Les illustrations crayonnées de
Catherine Chardonnay, un brin loufoques, donnent la touche finale à l’univers
enfantin du roman. Certaines ont enchanté Hugo autant qu’elles l’ont laissé
perplexe : « Mais comment a-t-elle fait pour réussir aussi bien à
dessiner aussi mal ? »
Mille
mercis à Chloé Mary et à l’auteur de nous avoir permis de découvrir ce texte
débordant de tendresse et de joie de vivre !
L’île
aux trésors
Le
héros de ce court roman est un petit garçon. Très petit. Trop pour son âge. Si petit
que sa maman ne peut s’empêcher de l’appeler de façon
horripilante « mon tout petit garçon ». Il a de drôles
d’amis ; ce sont ses jouets. Quand le soleil pointe le bout de son
nez, il aime être dehors, à regarder l’herbe pousser et discuter avec les fourmis.
Parfois,
il lui arrive de drôles d’aventures… Comme ce matin où son reflet
dans le miroir a changé. Ne se reconnaissant plus, il se met en quête de son
reflet dans toute la maison et dans la ville. Et puis, un autre matin, il
se réveille dans la peau d’une mouche…
Un
roman adorable aux allures de conte moderne, où l’imagination et la folie
douce sont reines. Un petit garçon qui évolue dans un monde façonné par
son imagination débridée ; un monde aux couleurs de l’enfance. On ne peut
que s’attacher à cet enfant que nous avons tous été, qui fait
des voyages incroyables sans jamais quitter sa chambre – à bord de
son avion à piles ou de son bateau à voile, où même à l’intérieur de son propre
dessin.
Une
lecture faite le sourire aux lèvres, ravie par tant de folie, tant
d’enfance. Seul petit bémol : j’ai eu du mal à accrocher aux dessins… Ils
n’ont pas réussi pour moi à refléter la saveur des mots de Francesco
Pittau.
Livres
de Folavril
Ce
petit livre est un recueil d’une dizaine de textes, très joliment illustrés,
autour d’un personnage simplement nommé « le petit garçon ».
Dès les premières pages, on fait connaissance avec le petit garçon et ses parents qui ont bien essayé de le faire manger un peu plus pour qu’il grandisse plus vite mais ont dû renoncer quand il a commencé à devenir rond et que tout le monde s’est mis à l’appeler « la petite boule ».
Dès les premières pages, on fait connaissance avec le petit garçon et ses parents qui ont bien essayé de le faire manger un peu plus pour qu’il grandisse plus vite mais ont dû renoncer quand il a commencé à devenir rond et que tout le monde s’est mis à l’appeler « la petite boule ».
Ensuite,
on découvre ses « amis » qui vivent dans sa chambre : Zork le
crocodile, Bouh l'hippopotame, Triny le chien, Touit le perroquet et Pelote le
mouton.
Le crocodile rêve de dévorer le mouton mais l’hippopotame et le chien veillent sur lui.
C‘est surtout dans un texte d’une dizaine de pages, Il était une fois dans la forêt, qu’on voit les animaux vivre une véritable aventure, menacés par un monstre qui les poursuit dans la nuit et les enlève un par un. Le ton est celui de la peur (même si Zork essaye de jouer les courageux) mais le lecteur comprend vite à qui appartient cette « Main-Monstre » qui terrorise les animaux…
Le crocodile rêve de dévorer le mouton mais l’hippopotame et le chien veillent sur lui.
C‘est surtout dans un texte d’une dizaine de pages, Il était une fois dans la forêt, qu’on voit les animaux vivre une véritable aventure, menacés par un monstre qui les poursuit dans la nuit et les enlève un par un. Le ton est celui de la peur (même si Zork essaye de jouer les courageux) mais le lecteur comprend vite à qui appartient cette « Main-Monstre » qui terrorise les animaux…
Le
petit garçon, lui aussi, vit des aventures étonnantes comme lorsqu’il ne
reconnaît plus son reflet dans le miroir ou qu’il se réveille sous la forme
d’une mouche en train de marcher au plafond.
Certaines
histoires unissent la poésie et le fantastique comme celle de ce petit bout de
tissu noir que le petit garçon trouve un matin dans la salle de bain. « Je
suis un bout de nuit resté ici par distraction. Je me suis endormi. Je n'ai pas
entendu les autres partir avant le lever du jour. Et quand il a fait clair, je
ne pouvais plus partir. J'étais cloué ici en espérant que la lumière du jour
n'entre pas dans la salle de bains. À la lumière, je disparais. Heureusement,
il n'y a pas de fenêtre. Mais si quelqu'un me ramasse et me jette dehors, je
suis fichu. » Le petit garçon cache le petit bout de nuit toute la journée
au fond de sa poche pour le protéger de la lumière et le remet à sa place le
soir avant d’aller dormir…
Une
autre fois, il est confronté à un poussin noir qui a faim et peur ou à une
boîte qui contient une boîte qui contient une boîte, sans oublier le jour où il
perd une dent et la cherche partout.
Mon
préféré, peut-être, est un texte intitulé Le dessin qui concernera
plus directement certains enfants et qu’on pourra lire et relire quand on
voudra les amuser. « Quand il s'ennuyait, il ouvrait sa boîte de crayons
de couleur et dessinait sur une grande feuille de papier blanc ce qu'il aimait
dessiner : un bonhomme tout tordu, un palmier, une île, une montagne de déchets
au-dessus de laquelle volaient des oiseaux qui ressemblaient à des éléphants,
un chien à trois pattes et une maison si biscornue que personne n'aurait pu
habiter dedans (sauf le bonhomme tout tordu). La maison avait une cheminée qui
fumait tout le temps, même en été. » Voilà un dessin comme on en voit
souvent. Seulement, ce jour-là, le petit garçon est plus distrait que
d’habitude, moins appliqué, et les personnages dessinés se plaignent. « Le
bonhomme tout tordu était encore plus tout tordu que d'habitude, le chien
n'avait que deux pattes, les oiseaux ressemblaient à des éléphants ailés, la
montagne de déchets montait jusqu’au ciel, l’île était à moitié enfoncée dans
l’eau et le palmier penchait comme s’il était malade. »
L’apprenti-dessinateur va essayer d’arranger les choses mais le résultat n’est
pas très convaincant…
Les
dessins, souvent épurés, comme tracés avec des feutres ou des crayons de
couleur sur un fond blanc, sont très expressifs et pleins d’humour Cela crée
une proximité entre le jeune lecteur et les illustrations. Voilà un petit livre
aussi joli qu’intéressant.
Encres
vagabondes, Serge Cabrol
©Catherine Chardonnay |
A
Petit Garçon, Grandes Aventures
Voler
comme une mouche, aller sur la lune… Francesco Pittau observe le monde à
travers les yeux d’un enfant, et s’imagine de fantastiques péripéties inspirées
de son quotidien. A lire dès 8 ans.
On
joue à saute-histoire en passant d’un chapitre à l’autre, d’un rêve à l’autre,
d’une réalité à l’autre. C’est un recueil de textes qui se font écho,
s’emboîtent et s’interpellent, pour construire un ensemble, un monde, un
univers d’enfant. Celui d’un tout petit garçon qui joue, qui regarde,
s’interroge, s’évade, imagine, divague.
Tout
est vu à travers ses yeux, filtré par son imaginaire. Les situations sont
souvent banales mais, de ce fait, prennent une dimension singulière. Ainsi
quand on lit le chapitre qui s’ouvre par ces mots : « Il était une fois
une forêt, la forêt la plus profonde, la plus noire et la plus sinistre que le
monde ait jamais connue. » Zork, le crocodile, Bouh, l’hippopotame,
Pelote, le mouton, font face à un monstre terrible dont la main gigantesque
vient les saisir chacun à leur tour. Jusqu’à ce qu’on découvre, in fine, que cette
main-monstre est celle du petit garçon dont la maman regrette qu’il passe son
temps à jouer avec ses animaux de plastique sous les couvertures quand le
soleil brille dans le jardin.
Voici
donc l’histoire aux multiples facettes de ce petit garçon, qui rêve de devenir
grand jusqu’à toucher la lune, capable de se transformer en mouche jusqu’à
marcher au plafond et de monter dans son avion à piles jusqu’à retrouver sa
dent perdue pendant la nuit. Le texte, comme les illustrations, séduisent par
leur grâce poétique, et le charme opère sur les petits comme sur les grands.
Télérama,
Michel Abescat
Sélection SLPJ Premiers romans, bonnes lectures
C'est
à travers 10 petites histoires (d'ailleurs, c'est une précision du titre, que
je n'ai pas vue de suite) que Francesco Pittau déroule
le fil de l'enfance de ce petit garçon, tel qu'il est désigné par sa maman et
son papa.
Le
lecteur entre de plain-pied dans cet univers d'imaginaire, de jeux, de peurs,
d'émerveillement, de spontanéité toute enfantine.
J'avoue
avoir eu du mal à quitter chaque histoire, malgré le fait que certaines soient
plus longues. J'y ai vu des allusions à des références connues et revisitées de
manière originale. Puis, j'ai pris ce rythme de lecture au fil des évènements
du quotidien. J'ai beaucoup souri durant cette lecture tant elle est touchante
et belle. Malgré sa petitesse de petit garçon, il s'impose, il trace sa route,
il vit sa vie.
La
dernière histoire, très métaphorique, constitue le point d'orgue et le lecteur
se dit que finalement, il y a comme une progression. C'est que grandir n'est
pas une mince affaire !
Et
le petit garçon se sentit soudain plus grand.
Les
illustrations de Catherine
Chardonnay m'ont de prime abord un peu déroutée puis j'ai trouvé, en
les regardant mieux, qu'elles correspondaient bien au foisonnement intérieur de
ce petit garçon, si vivant, si déterminé, toujours en train d'expérimenter et
de découvrir.
C'est
un roman qui nous montre combien le pays de l'enfance est riche, sait regarder
autour de lui et mettre en œuvre ses propres dialogues intérieurs.
Méli-Mélo
de livres
Le
petit garçon était petit. Il était même très petit. D’ailleurs, il était si
petit que tout le monde l’appelait « le petit garçon ». Parfois il rêvait qu’il
devenait si grand que sa tête atteignait la Lune. Onze petites histoires du
petit garçon sont ici rassemblées : l’histoire de ses amis Zork, Bouh et Touit,
de son reflet disparu, de sa transformation en mouche, d’un bout de nuit
oublié, d’une sombre forêt ou encore d’un dessin réellement animé. Un recueil
aussi étonnant que tout à fait banal, comme si chaque chose saugrenue ne
l’était pas vraiment. Car au fond, quoi de plus normal qu’un doudou qui parle,
que la chose la plus importante du jour soit une dent perdue, que les rêves se
confondent avec la réalité, quand on est un petit garçon ? Au fil du
recueil, nous apprenons à connaître ce garçon, ou plutôt nous nous y
reconnaissons. Francesco Pittau fait ressurgir les poèmes sans queue ni tête
inventés sous la couette, révèle l’imaginaire enfoui et livre un morceau
d’enfance. Les dessins de Catherine Chardonnay, esquissés ou coloriés aux
crayons de couleurs, sont d’une douceur infinie. Là encore, on y décèle
l’enfance dans tout ce qu’elle a de plus beau, innocente et fantasque sans le
savoir. Le petit garçon a les cheveux bleus. Quoi de plus évident quand on a la
tête si proche des nuages ?
Bigre
Lucie Charrier
Sélection SLPJ Premiers romans, bonnes lectures
"Je suis un bout de nuit resté ici par distraction. Je me suis endormi. Je n'ai
pas entendu les autres partir avant le lever du jour. Et quand il a fait clair,
je ne pouvais plus partir. J'étais cloué ici en espérant que la lumière du jour
n'entre pas dans la salle de bains. À la lumière, je disparais. Heureusement,
il n'y a pas de fenêtre. Mais si quelqu'un me ramasse et me jette dehors, je
suis fichu."
Le
texte joue avec beaucoup d’humour et de poésie des sédimentations culturelles
plurielles.
Petit
Garçon vit dans son monde imaginaire, en compagnie de Zork le crocodile, Bouh
l'hippopotame, Triny le chien, Touit le perroquet et Pelote le mouton. Le lecteur
assiste à ses vagabondages.
Qui
n’a pas joué enfant à observer la pièce la tête à l’envers? Il suffit de faire
le petit pont ou de s'imaginer être une mouche.
Les
scènes sont prises dans un continuum de l’enfance. L’auteur inscrit une aire
potentielle permettant au Petit Garçon de jouer, non seulement avec les règles
de la réalité et ses tristes conventions, mais selon un jeu libre et créatif,
celui de l’imaginaire. Il ajuste les motions du monde interne de l’enfance aux
exigences des conventions sociales.
Petit
Garçon est multiple. Le monde lui doit une infaillible protection mais c'est un
contrat impossible à remplir. Il combat des dangers absents et tout s'emballe
dans la tête de Petit Garçon. Une force le pousse vers la périphérie de la cour
d'école, de sa chambre d'enfant, à la lisière de la forêt. Il semble présent au
monde comme on observe de loin les nuées d'oiseaux, en soulignant la force de
la solitude, mu par la nécessité de rêver. Il déchiffre la réalité à travers
les ambiguïtés des fables et le monde mystérieux des adultes.
La
littérature jeunesse, de cette qualité, mobilise ce qui dans le langage
poétique fait lien avec la résonance intime. On se souvient de nos dessins
maladroits, des histoires inventées et nos velléités de grandir. Petit Garçon
nous rappelle la valeur éphémère du rêve où l’âge enfantin a sa propre gloire.
Il nous incite à regarder le monde en passant outre la réalité qui nous coupe
de lui.
Le
trait choisi par Catherine Chardonnay, tantôt doux, tantôt brut, mime
parfaitement l’univers ludique de ce Petit Garçon fantasque. L’image dit
au-delà du texte auquel elle est subordonnée.
J’ai
la chance au quotidien de pouvoir lire aux enfants et cette histoire à grandir
debout émerveille beaucoup.
Paolina
Miceli
L’imagination
est partout. Elle se love dans l’air. L’air que respire le petit garçon du
livre, et tous les petits garçons, et toutes les petites filles. Et enveloppe
même les grands, mais ça, le petit garçon ne le sait pas encore… Il aspire tant
à devenir grand, il se figure tellement de choses… Pourtant, l’imaginaire n’a
que faire de la taille, de l’âge. Il est toujours là, tapi, blotti. Et quand il
surgit, il bouscule tout. Surtout qu’il arrive souvent à l’improviste! Quand le
petit garçon mange, s’endort, joue avec ses amis tout doux – Zork le crocodile,
Bouh l’hippopotame, Pelote le mouton, Touit le perroquet, Triny le chien -,
lorsqu’il regarde son reflet dans le miroir ou les fourmis sur les brins
d’herbe, quand il dessine, quand il s’ennuie. Il débarque les jours de grand
soleil ou de pluie chagrine, les jours roses les jours gris, les jours nets les
jours flous, les nuits aussi. Il métamorphose le réel ; tour à tour le
rend léger, bizarre, grave, doré, pastel, fuyant, captivant, prenant… il
arrondit les angles ou pas, et ne tient jamais en place. Il dépasse sans cesse
les limites, s’envole, s’enroule, se glisse, s’immisce dans la vie quotidienne
du petit garçon. Et je crois bien qu’ils adorent cela tous les deux!
Roman de l’imagination, de la fantaisie, de
l’invention. Roman de l’enfance avec ses joies ses interrogations ses attentes
ses rêves ses couleurs ses caresses ses doutes. Roman tissé d’histoires,
d’instants en cadence, de moments en latence… liés merveilleusement sous les
crayonnés sauvages et amusants.
Les
mots de la fin
Ce
petit garçon est petit. Très petit. Trop petit. À tel point que tout le monde
l’appelle ‘le petit garçon’. Bien évidemment, ce petit garçon aurait aimé être
grand comme ses copains, toucher la lune et plus encore. Il a de drôles
d’amis : Zork le crocodile, Bouh l’hippopotame, Triny le chien, Touit le
perroquet. Des jouets. Il discute, joue, imagine et rêve. En invente sans cesse
pour se construire sa réalité. Un monde sens dessus dessous.
Un
conte moderne où l’enfant façonne un monde à son image, inspiré de son
quotidien. Où couleur, joyeuseté et insouciance se côtoient. L’histoire de ce
petit garçon a plusieurs facettes, il ne reconnaît plus son reflet, veut être
grand pour toucher la lune, a perdu sa dent en pleine nuit, se transforme en
mouche... Autant de va-et-vient entre réel et imaginaire. Je l’ai lu avec le
regard d’une enfant, m’incitant au voyage et à la rêverie. Quel doux plaisir.
Mes
écrits d’un jour
Ce
livre est donc, comme je l'ai dit, un recueil de petits textes, qui font deux
pages, ou à peine plus. Tous mettent en scène un même personnage : le petit
garçon du titre et de la couverture. On ne saura rien de plus concret sur sa
vie, mais on va plonger au cœur de son imagination. Comme tout petit garçon,
tout est prétexte pour lui à dérouler une histoire pleine de magie, à plonger
dans un monde parallèle où les animaux parlent, où un bout de nuit peut rester
coincé dans la salle de bains, où l'on peut aller sur la Lune régulièrement...
Ces petites histoires pleines de douceur font appel à des trésors
d'imagination, et elles retransmettent parfaitement l'univers onirique qui est
celui des enfants que l'on laisse jouer tranquillement. La plume est à la fois
d'une délicatesse adaptée aux jeunes lecteurs, mais dans le même temps, elle ne
les prend pas pour des bébés en simplifiant volontairement le vocabulaire.
J'aime beaucoup ces auteurs qui n'ont pas peur des mots même si leur public est
jeune et ne connaît peut-être pas encore tout ce vocabulaire.
Les
illustrations crayonnées de Catherine Chardonnay accompagnent très bien
ces textes, en se faisant tour à tour enfantines et poétiques. Elles ont
d'ailleurs cela de commun avec la narration qu'elles savent se rendre
universelles, laissant le soin à chacun de trouver sa place dans cette
histoire. Ainsi, ce petit livre saura toucher petits et grands. La brièveté des
histoires fait qu'on peut sans mal imaginer les raconter à des enfants qui ne
savent pas encore lire. Elles sont idéales également pour ceux qui commencent à
lire seul. Et elles évoquent chez nous, adultes, des souvenirs d'enfance tout
doux.
Chroniques
d’une étudiante en lettres
Une
dizaine de textes pour raconter quelques épisodes del’enfance d’un personnage
qu’on ne nommera que « Petit Garçon ». Façon d’en dire à la fois
l’universalité, et, d’une certaine façon, la taille et l’âge très indéfini ici
puisque l’on va du jardin d’enfants à la perte d’une dent de lait. Il est
question de choses ordinaires, comme les relations avec les parents, les
jouets, les activités comme le dessin, les accidents comme la fièvre.
C’est
du ton que ce recueil tire son originalité. Car, si les situations évoquées
sont assez fréquentes dans l’enfance, le recueil bascule dans l’imaginaire, le
fantastique et le merveilleux de la vision du monde d’un enfant. Petit Garçon
se métamorphose en mouche, donne abri à un morceau de nuit qui s’est endormi au
lieu de repartir le jour venu, pénètre dans son dessin après avoir discuté avec
les personnages bancals qu’il a créés, perd son reflet et part à sa recherche
dans un monde étrange, voyage sur la lune. Même ses jouets préférés, ses amis,
un crocodile, un hippopotame et un chien vivent des aventures extraordinaires
dans une forêt inquiétante qui n’est autre que le lit, terrorisés par une main
géante qui s’empare d’eux. Tout est donc jeu, mais le jeu a toujours quelque
chose de très sérieux pour les enfants. Il est donc ici question d’identité,
d’intégrité corporelle, d’un univers mouvant où tout peut se transformer. On
songe en lisant certaines nouvelles à l’univers d’Arnold Lobel pour la façon de
dire ce monde de l’enfance, fait de questions existentielles, de naïveté, de
poésie et de merveilleux, dans une langue simple et accessible à tous.
Quant
aux illustrations, elles semblent faites aux crayons de couleurs, ou aux
feutres, et reprennent les codes du dessin enfantin avec humour et
expressivité.
Un
recueil de textes pour grandir debout, et partager ses sensations d’enfant.
Lit&Je,
Michel Driol