Rencontre avec Nastasia Rugani
QUATRIÈME PARTIE : SON ORGANE DE TRAVAIL
La fabrique de Milly Vodović
— On a qu’à aller à Miami ! lance Milly avec entrain. Douglas envisage la proposition avec méfiance.
— Tu préfères un chat ? propose de nouveau Deda, en s’asseyant à ses côtés.
La fabrique de Milly Vodović
Dans la
délicatesse de la lumière, il s’équilibre un peu. La tendresse le frôle alors
qu’il s’aventure avec précaution. Les paumes sur le bois clair, il cherche la
spécificité de ce bureau d’écolier dépourvu de tiroirs. Pourquoi a-t-elle
choisi cette planche pour écrire ? Pourquoi l’a-t-elle placée face au mur ?
Près de son pouce, il décolle un post-it d’un rose crâneur : « Il y a un peu de moi dans chacun d’eux. » De moi ? D’eux ?
De qui ? Sous le premier, il en trouve un second : « J’étais brouillon, me voilà faussaire. » Qui ? Toi ?
Moi ?
Première étape
Carnets, notes, mots griffonnés
Deuxième étape
Écouter les liens
— On a qu’à aller à Miami ! lance Milly avec entrain. Douglas envisage la proposition avec méfiance.
— Ben
quoi ? Ce sera le début de notre futur métier, assure-t-elle. On ne peut pas
être triste les pieds dans le sable, si ?
«
C’est lui », dit-elle, le visage blême. Un de ces jeunes soldats serbes, la
cigarette pendante, collée à un coin de la bouche humide, le fusil en avant et
la main qui cherche sous la jupe. Elle s’abstient de dire, mais elle dévisage,
cela suffit.
— Tu préfères un chat ? propose de nouveau Deda, en s’asseyant à ses côtés.
Au bout
d’un long moment à cajoler le pelage éteint, Milly s’essuie rageusement les
yeux du revers de la main et finit par dire :
— Les
chats dorment tout le temps.
— Comme
Tarek.
—
Ben lui non plus je n’en veux pas ! s’emporte-t-elle, les joues brûlantes.
Troisième étape
Naissance d’un squelette : fiches sur les
chapitres
— J’ai
un nom, espèce de sale gosse ! Daisy Woodwick, ça te dit quelque chose ? Est-ce
que, moi, j’ai l’incorrection de te présenter aux jeunes filles comme mon ado
débile et boutonneux ?
Le
ton est si impérieux que Milly imagine Daisy à cru sur un mustang lancé au
galop, à travers des forêts de séquoias géants. Mais le mirage cesse dès lors
qu’elle retire son chapeau d’aventurière et découvre un crâne fiévreux et
jaunâtre. Swan Cooper lui tend un foulard et une assiette fumante. Elle décline
le carré de tissu
De nouveau installée à son
bureau, elle se masse les côtes afin d’atténuer la flamme. En vain, elle
repousse l’ordinateur et prend un de ses carnets à spirales dans lequel elle
dessine. L’envie se perd dans les traits ratés de Riley, l’opossum de son
enfance, sur son nid feuillu. D’un coup, elle se relève, le dos collé à la
chaise, les pieds sur le bord du siège. Elle saisit une feuille et commence :
Suite de l'entretien : Yeux ouverts, yeux fermés